Histoire du premier vélo électrique : des brevets de 1895 au pedelec moderne

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Histoire du premier vélo électrique : des brevets de 1895 au pedelec moderne

Qui a inventé le premier vélo électrique ? La question semble simple, mais elle ouvre sur une histoire riche et complexe. Bien avant les vélos électriques modernes que l’on croise chaque jour dans nos villes, des ingénieurs visionnaires avaient déjà imaginé des machines hybrides mêlant propulsion humaine et énergie électrique. À l’époque, la bicyclette dite « safety bicycle » (bicyclette de sécurité à deux roues de même taille et chaîne arrière, inventée dans les années 1880) n’était elle-même qu’une nouveauté, mais certains pionniers rêvaient déjà de l’équiper d’un moteur et d’une batterie.

L’objectif de cet article est de retracer cette évolution, des tout premiers brevets déposés aux États-Unis à la fin du XIXᵉ siècle, jusqu’au développement du pedelec, véritable ancêtre des vélos à assistance électrique modernes. Nous verrons aussi comment des marques comme Yamaha ou FLYER ont marqué un tournant décisif dans l’industrialisation de cette technologie.

Avant le vélo électrique : les premiers cycles électrifiés (années 1880)

L’histoire débute en 1881, lorsque Gustave Trouvé, ingénieur français, présente à Paris un tricycle électrique équipé d’un moteur Siemens et d’une batterie rechargeable. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un vélo à deux roues, cette démonstration marque un jalon essentiel : c’est la première fois qu’un véhicule électrique léger circule publiquement.

À cette époque, les batteries étaient volumineuses et peu performantes, ce qui limitait les applications. Pourtant, l’expérience de Trouvé a inspiré les générations suivantes d’inventeurs. Ce tricycle peut être considéré comme le premier « cycle électrifié », et il pose les bases d’une nouvelle mobilité, bien avant l’automobile électrique ou les scooters à batterie.

Les premiers brevets de vélo électrique (1895–1899)

Quelques années plus tard, les premiers brevets déposés aux États-Unis ouvrent véritablement la voie au vélo électrique.

En 1895, Ogden Bolton Jr., basé dans l’Ohio, obtient un brevet pour un vélo équipé d’un moteur-moyeu arrière alimenté par une batterie logée dans le cadre. Son invention est souvent citée comme le tout premier brevet d’e-bike. L’idée est simple et brillante : intégrer la motorisation dans le moyeu pour une assistance directe et discrète.

En 1897, un autre Américain, Hosea W. Libbey de Boston, dépose un brevet pour un vélo électrique muni de deux moteurs logés dans le pédalier. C’est le principe du moteur central, ou « mid-drive », qui sera redécouvert bien plus tard et qui équipe aujourd’hui la majorité des vélos électriques haut de gamme.

En 1898, Mathew J. Steffens propose une solution différente, avec une transmission par courroie entraînant la roue arrière. Enfin, en 1899, John Schnepf imagine un système à galet de friction appliqué directement sur le pneu, une idée qui connaîtra de multiples déclinaisons au cours du XXᵉ siècle.

Ces brevets démontrent l’effervescence de la fin du XIXᵉ siècle autour de la motorisation légère. Toutefois, les limites technologiques des batteries et la concurrence de l’automobile naissante freineront leur adoption.

1900–1980 : innovations dispersées et adoption limitée

Durant la première moitié du XXᵉ siècle, les expériences se poursuivent, mais sans grand succès commercial. Les batteries au plomb utilisées alors sont lourdes, peu autonomes et nécessitent un entretien constant. De plus, la priorité des investisseurs et ingénieurs se tourne vers l’automobile, perçue comme plus prometteuse.

Quelques prototypes voient le jour dans les années 1930, puis à nouveau dans les années 1960–70, souvent basés sur des systèmes à galet ou des moteurs externes, mais aucun ne parvient à séduire durablement le grand public. Le vélo électrique reste un objet de niche, parfois vu comme un gadget, jusqu’à l’apparition de nouvelles technologies de batteries.

Cette période reste cependant importante : elle maintient vivante l’idée que le vélo pouvait être amélioré par l’électricité, en attendant des solutions plus viables.

La naissance du pedelec (assistance au pédalage)

La véritable révolution intervient à la fin des années 1980. En 1989, l’ingénieur suisse Michael Kutter met au point le premier prototype de vélo à assistance proportionnelle, bientôt appelé pedelec. Contrairement aux vélos motorisés précédents, il ne s’agit pas de remplacer l’effort humain mais de le compléter : l’assistance se déclenche uniquement quand le cycliste pédale.

En 1992, la société Velocity/Dolphin commercialise les premiers modèles inspirés de ce concept. L’idée séduit immédiatement car elle correspond à une philosophie plus « cycliste » : l’effort est respecté, mais prolongé et amplifié par l’électricité. C’est le principe qui équipe aujourd’hui la quasi-totalité des vélos électriques vendus en Europe.

En 1995, la marque suisse FLYER entre en scène avec ses premiers modèles produits en série. Grâce à leur robustesse et leur fiabilité, ces vélos contribuent fortement à la popularité du pedelec en Suisse et en Allemagne, deux marchés devenus pionniers.

1993 : Yamaha et la première grande série d’e-bikes

Parallèlement aux expériences suisses, le Japon joue aussi un rôle décisif. En 1993, Yamaha lance le PAS (Pedal Assist System), premier vélo à assistance proportionnelle produit à grande échelle. Cette innovation introduit le capteur de couple, permettant au moteur de délivrer une puissance proportionnelle à l’effort du cycliste.

Le Yamaha PAS n’est pas seulement une prouesse technologique ; c’est aussi un produit pensé pour le marché de masse. Son succès au Japon marque le passage du vélo électrique du stade de prototype ou d’expérience isolée à celui de véritable produit commercial, accessible au grand public.

Des années 2000 à aujourd’hui : l’âge moderne du vélo électrique

L’essor mondial du vélo électrique débute réellement dans les années 2000, grâce à l’arrivée des batteries lithium-ion. Plus légères et plus autonomes, elles permettent enfin une utilisation quotidienne confortable.

Les progrès en électronique offrent également des avancées majeures : capteurs de couple plus précis, écrans intelligents, intégration esthétique des moteurs et batteries dans le cadre. Deux grandes familles de motorisation coexistent aujourd’hui : les moteurs centraux (mid-drive), privilégiés pour la performance et l’équilibre, et les moteurs-moyeux (hub motors), plus économiques et simples d’entretien.

Aujourd’hui, le vélo électrique est devenu un acteur incontournable de la mobilité durable, utilisé aussi bien en ville que pour le loisir ou les voyages longue distance.

Chronologie express

Année Événement clé
1881 Gustave Trouvé présente un tricycle électrique à Paris
1895 Ogden Bolton Jr. dépose le premier brevet d’e-bike (moteur-moyeu)
1897 Hosea W. Libbey invente un vélo à double moteur dans le pédalier
1898 Mathew J. Steffens propose une transmission par courroie
1899 John Schnepf brevète un système à galet de friction
1989–1992 Michael Kutter développe le pedelec ; premiers modèles Dolphin/Velocity
1993 Yamaha lance le PAS, premier e-bike de grande série
1995 FLYER commercialise ses premiers modèles en Suisse

FAQ

Qui a inventé le premier vélo électrique ?

Le premier brevet reconnu date de 1895 et est attribué à Ogden Bolton Jr. pour un vélo équipé d’un moteur-moyeu arrière. Des inventions précédentes comme celle de Gustave Trouvé (1881) concernaient plutôt des tricycles électrifiés.

Qui est l’inventeur du premier pedelec moderne ?

Le concept de pedelec, où l’assistance électrique est liée au pédalage, est attribué à l’ingénieur suisse Michael Kutter en 1989. La commercialisation débute en 1992 grâce à la société Velocity/Dolphin.

Quel a été le premier vélo électrique produit à grande échelle ?

Le Yamaha PAS, lancé en 1993 au Japon, est considéré comme le premier vélo électrique industriel, avec une production de masse et une technologie aboutie de capteur de couple.

Pourquoi les premiers vélos électriques n’ont-ils pas rencontré de succès ?

Leur principale faiblesse était la technologie des batteries au plomb, trop lourdes et peu autonomes. Par ailleurs, l’automobile captait l’attention et l’investissement des industriels, reléguant les vélos électriques au second plan.

Quand les vélos électriques modernes se sont-ils vraiment imposés ?

L’essor mondial commence dans les années 2000 avec les batteries lithium-ion, offrant une autonomie et une légèreté suffisantes pour un usage quotidien. Depuis, le marché connaît une croissance exponentielle.